Driiing, « Allo? », dis-je en répondant au téléphone.

« Cet appel sera enregistré… », me dit une voix féminine en guise d’introduction.

« Bonjour, monsieur Proulx. Je vous appelle de la fondation XYZ. Je vous téléphone ce matin pour vous inviter à faire un don… », poursuit la dame, sur un ton vide d’émotion.

Par souci de votre temps, je vous évite la suite du monologue [qui n’a malheureusement pas permis à la fondation XYZ d’augmenter ses revenus].

Bien que l’approche utilisée pour solliciter un don et la qualité de l’interaction aient été médiocre, ce n’est pas ce qui m’a le plus surpris. Cet appel matinal m’a rappelé à quel point il n’est pas naturel pour les humains de prendre la perspective des autres – de nous mettre dans les souliers de l’autre.

Aussi bienveillante que soit cette fondation, je me suis demandé comment la personne qui a rédigé le script de collecte de fonds aurait réagit si la situation était inversée, si c’est moi qui l’avait abordé de cette manière?

Combien de fois abordons-nous les gens autour de nous, sans prendre en considération leur perspective? Nous savons généralement ce que nous souhaitons et nous abordons les gens avec notre perspective, notre volonté, nos souhaits et avec peu (ou pas) de considération pour ce que souhaite l’autre personne.

Ensuite, nous sommes surpris de ne pas obtenir ce que nous voulons, que nos demandes soient mal reçues et que ces conversations soient si difficiles!

On peut transposer à des situations de la vie courante comme : souhaiter que son enfant nettoie sa chambre, que son employé produise ses rapports plus rapidement ou que son client achète plus. Lorsque la demande initiale ne donne pas les résultats souhaités, nous utilisons l’autorité, la persuasion ou la manipulation pour tenter d’obtenir ce que l’on souhaite. Les résultats sont souvent peu positifs et les relations sont négativement impactées.

Pourquoi ne pas tenter de comprendre ce que souhaite l’autre? Pourquoi ne pas explorer des pistes de solutions communes?

Prendre la perspective de l’autre demande des efforts, de l’ouverture et un peu d’humilité. Par contre, l’alternative me parait tellement moins intéressante. Personne n’aime avoir l’impression d’avoir été forcé à faire quelque chose contre son gré. Les relations interpersonnelles sont importantes et demandent du temps à établir. Ne valent-elles pas la peine qu’on les aborde différemment?